Life under covid
Il parait qu’on va devoir moins consommer et qu’on va morfler. Que ça se fera à la dure, en se serrant la ceinture ! Alors il faut parler de sobriété. Tous, jusqu’à l’Élysée, nous devons louer la sainte sobriété. Non seulement on va devoir turbiner, mais en plus on va se faire sacrément chier.
Nos prêcheurs d’apocalypse millénaristes me font
penser à
ces mormons qui voudraient que l’on se confonde dans notre situation à
coup de
marches de la honte. « Shame! Shame! Shame! Expie ! Souffre de ta
luxure et de
ton plaisir. Tu es pécheur et mourras en pécheur ! » Ah ils sont beaux
ceux qui
prennent cet air si dramatique pour nous dire qu’on va tous crever de
notre
connerie. He bien moi ces gourous fanatiques, je ne les laisserai pas
mettre
sur pied un nouveau culte de leur personne. Alors aux prêcheurs de
sobriété,
voici mon doigt levé.
Parce qu’en fait ce qui les ennuie vraiment, c’est
que les
solutions les vraies, elles sont juste à portée de main. À portée de
rien. Oui
le rien. Ce n’est pas la décroissance, la croissance verte, la
sobriété ou l’ébriété.
C’est juste : arrêtez de nous faire chier et laissons-nous
kiffer.
Rien que ça : laissez-nous prendre le temps
avec nos
gosses, nos amis, notre famille ou nos activités, le matin et le soir.
Ça veut
dire en gros qu’il doit être interdit de travailler après 16 h le
soir ou
avant 9 h 30 le matin. On réduit la voilure des « jobs à la
con »,
rien que ceux-là. Et nous irons mieux. Tous. Y compris notre facture
d’électricité.
Mieux. Supprimons la caisse dans les villes. Je ne
veux plus
de bagnole de particuliers sur la chaussée (j’adore la bagnole), je ne
veux
plus de scooter la nuit (j’adore le scooter). Je veux des pistes de
danse, des
terrains de basket et des potagers. Je ne sais rien faire de tout ça,
ni
danser, ni jouer, ni bêcher, mais je sais que c’est apprendre tout ça
qui va
nous sauver.
Clairement, mettons un coup d’arrêt au secteur de
l’aviation
et des armées. Continuons à les payer toutes les personnes qui font la
richesse
de notre industrie, mais pas à polluer ou à faire des machines à tuer.
Non
payons-les à nous faire profiter de tout leur savoir-faire
d’ingénierie. Mais
pour autre chose, ne serait-ce que pour rester au lit avec leur
famille, à
bricoler, à s’occuper de leur quartier, faire de la recherche
ensemble. Tout ce
que vous voulez, mais pas à produire des avions ou des canons.
Avec ça, lançons un grand plan de conversion
agricole.
Pourquoi se tuer littéralement pourquoi tuer autant de bêtes dans des
conditions
atroces qui font exploser le CO2 ? Que met-on à la place du blé et du
maïs qui
ravage nos paysages ? A ça, je réponds : plantons des pois
chiches et des
lentilles. Non, ça ne fait pas péter. On va juste kiffer à moins tuer
pour
manger. Il parait qu’on a besoin de 1 million d’agriculteurs.
Alors,
allons-y. Pas nous tous non. Mais un peu d’entre nous au moins et ce
sera déjà
ça.
Et surtout, si vous voulez vraiment qu’on éteigne
la
lumière, vous savez très bien ce qui va se passer. On va baiser. Pas
toujours,
pas tous non. Je ne suis pas dans l’injonction à la sexualité. Mais
vous le
savez très bien on est des putain de bonobos. Et si on ne baise pas
pour se
faire kiffer, on va faire du yoga, de la méditation, lire des BD,
boire des
cafés au soleil ou écouter des chansons. Voire même danser sous un
ciel étoilé.
Oui on va danser et on va chanter. Alors votre coupure d’électricité,
vous
savez…
Enfin, peut-être qu’un jour on réfléchira. On
réfléchira au
fait que si on est obligés de couper le robinet du gaz aujourd’hui,
c’est parce
qu’on a un peu trop serré la main à des chefs d’État qui ont tant tué
et bafoué
nos principes les plus fondamentaux. Peut-être qu’un jour on fera le
tri dans
nos copains et qu’on arrêtera de soutenir ceux pour qui la démocratie
n’est
rien. Il est là le principe de réalité.